Le Plan du Parouart est un ancien lac de l’Ubaye situé à quelques kilomètres de Maljasset en venant de Barcelonnette. Il a été comblé progressivement d’alluvions par les torrents alentour. De ce fait, il offre des paysages étonnants faits d’une végétation insolite. Les roches charriées par les eaux sont, elles aussi, surprenantes par leur multitude. Aussi, l’Histoire géologique de l’Ubaye se retrouve condensée dans ce lieu. En 1930, un violent orage éclate et le lac, remplit de roches, disparaît. Depuis on peut le traverser à pied.
Comme un clin d’œil à ce passé, le récit de cette randonnée se passe un jour de pluie.
Le Parouart et le Longet, un avant goût d’Écosse
Le lac du Parouart
Le plan de Parouart : entre minéral et végétal
Sacré temps ce matin là, j’avais envie de l’étriper. Moi qui avait la trouille de la foudre, il m’emmenait randonner avec ce ciel brouillé.
Mais non chérie, c’est passager, ils annoncent beau.
À trop vouloir lui faire confiance, je me retrouvais au bout de quelques heures totalement trempée. C’est-à-dire qu’on avait déjà cheminé du petit hameau de Maljasset jusqu’aux pieds des hautes montagnes. Là, s’ouvrait comme une espèce de cirque immense. Une ancienne cuvette entre les pics rocheux devenue plateau, les restes du lac du Parouart.
Au milieu, des tas de petits bosquets se serraient entre les nombreux ruissellements de l’Ubaye. En somme, un enchevêtrement de saules Marsault sur un tapis de linaigrette, cernés de rigoles. En premier lieu, le sol me paraissait gris mais en m’approchant de plus près, j’avais pu constater l’ampleur de la palette minérale. Du vert, du brun, du mauve et des couleurs sans nom.
La cabane du Parouart
On avait croisé plus bas des moutons cocasses cavalant sur les promontoires herbeux, c’était déjà le retour des bêtes annonçant les grands froids. Les bergers avaient quitté la cabane du Parouart. Ils allaient certainement faire encore un voyage, des ânes et des chevaux paissaient en dessous de la chaumière, sous les arbres pour se protéger du crachin. De sorte qu’on les avait imité pour se sustenter en essayant de ne pas se faire piquer notre casse-croûte par ses drôles de curieux.
L’automne sortait ses derniers atouts colorés à la manière d’un peintre impressionniste, les dégradés de verts et de jaunes se démultipliaient à l’infini en contraste avec le sol brillant et sombre comme de la réglisse.
Le chemin du Col du Longet
Bref, il fallait se faire une raison, c’était un mauvais jour de novembre mouillé de pluie, le regard n’arrivait pas jusqu’au ciel. De plus en plus bas, les nuages venaient lécher les sentiers. Mon inquiétude était retombée. Par de bruit fracassant ou d’écho dramatique d’un vacarme lointain. Rien de retentissant, ni de tonitruant. Je pouvais me détendre, je ne risquais qu’un gros rhume.
Au sortir d’une courte forêt de feuillus, la sente étroite montait et descendait à travers les cailloux, passait des falaises balayées par le vent, surplombant un torrent encaissé. J’éprouvais mon endurance, la tête baissée pour ne pas être giflée par les gouttes. Je marchais devant, voyant mon ombre diffuse plonger après moi sans un braillement de protestation. Je poursuivais l’ascension, juste encore le temps nécessaire pour prouver que j’étais une dure à cuire. Dès que l’occasion se présenterait, je quémanderais une pause, ma récompense, mais aussi le moment où je prendrais le temps de contempler sans la souffrance de l’effort. Entièrement dédiée à la nature qui m’entourait.
Au croisement entre Longet et Rubren
On était resté là un moment sans bouger. N’osant plus faire un geste de peur de rompre le charme : il ne pleuvait plus. Du moins, pour un temps. Nous observions au loin, les derniers sapins qui semblaient trembloter sur l’horizon brumeux.
Depuis qu’on avait surgit de notre ascension folle du fin fond du ravin, cette soudaine platitude était comme un enchantement. J’avais gambadé en balançant mon imperméable sur l’épaule, avec une joie inattendue. Je m’étais lancée, amusée sur une passerelle de bois, posée là de traviole, pas vraiment sur un cours d’eau ni sur la terre ferme. Une preuve évidente que la nature était mouvante. J’avais envie de passer de l’autre côté de cette frontière. Une profonde audace bouillonnait en moi. Un peu plus loin, un deuxième pont finit de m’enrôler. Je basculais dans l’autre monde, celui de la nature à l’état pur, du sauvage, ne faisant qu’un avec l’herbe jaune et les monts effacés.
Les Marmites des Géants
Une idée me taraudait l’esprit, je n’étais plus en France, j’étais en Ecosse. Depuis le pont magique, j’avais bondi dans les Highlands, au milieu de l’herbe rase, du sale temps et des sommets bien trop larges. Le ruisselet s’était transformé en torrent par ici. Des formes trop parfaites dans ces roches taillées par l’eau, un univers merveilleux où je m’attendais à des folâtreries féeriques. Un bruit terrible retentit au dessus des crêtes que l’on discernait à peine. Les esprits écossais nous entouraient, on allait se faire piquer les fesses par quelques fées, elfes et autres lutins malicieux.
Je retenais mon souffle en guettant la suite. Un éclair suivi d’un coup de tonnerre nous remirent les idées au clair. Nous irions au lac du Longet une prochaine fois, il était temps de rentrer.
TOPO Randonnée du lac du Longet au départ de Maljasset
Informations pratiques Randonnée du Longet par Maljasset :
- Attention, à la pluie qui peut grossir les cours d’eau.
- Pas de refuge pour randonneurs sur cet itinéraire, juste une cabane en pierre abandonnée et 2 cabanes de bergers parfois fermées.
- Beaucoup de bêtes rencontrées (ânes, chevaux, moutons…) prévoir son eau pour toute la randonnée.
Durée moyenne: 9h
Distance : environ 25 km AR
Point haut : 2649m / Point bas : 1905m
Difficulté : Difficile
Retour point de départ : Oui, en boucle, par un sentier différent
Région : Alpes de Haute Provence, Ubaye
Se munir des Cartes IGN : 3637OT – Mont-Viso / Saint-Veran / Aiguilles / Pnr du Queyras + 3637OTR
Itinéraire randonnée Maljasset – Parouart – Marmites des Géants – Lac du Longet :
A – Maljasset à Plan du Parouart :
- Tout d’abord, remonter la Vallée de l’Ubaye en passant par Saint-Paul-sur-Ubaye et continuer jusqu’au bout de la route au hameau de Maljasset.
- En bref, du parking, traverser l’ensemble du village. Alors, peu après l’église de Maljasset, prendre la route à gauche vers la Combe Brémond (ne pas descendre vers la rivière).
- Ensuite passer la Combe Brémond et poursuivre le GR en direction du Plan de Parouart.
- Alors, laisser sur votre gauche une première cabane de berger et contourner l’ancien lac par l’extérieur gauche.
- Après un mini sous-bois, emprunter le pont et laisser le Chabrière sur votre droite pour prendre le Ravin de la Salcette à gauche.
B – Ravin de la Salcette à Plan de Blave :
- Puis remonter le ravin, un passage difficile en cas de mauvaises conditions météo.
- Une grande étendue s’ouvre, c’est le Plan de Blave où l’Ubaye est plus large.
Rencontrer le panneau Le Longet / Rubren et rester sur la même rive en direction de la Cabane de la Blave (2e cabane de berger). - Enfin, laisser sur votre droite la Cabane de la Blave. Un premier petit pont puis peu après, un pont plus imposant et au bois noir est visible de loin. A la hauteur du pont, il y a un sentier de chaque côté de la rive. Traverser le pont et récupérer le GR de Pays partant en direction du Lac de Longet.
C – Marmites des Géants à col du Longet :
- Non seulement, ce passage est selon moi le plus impressionnant pour ses similitudes avec des paysages d’Ecosse. Une longue ascension au milieu des pelouses jaunies et des rochers saillants. Un lieu quasi lunaire par son absence d’arbres.
- Mais encore, c’est l’itinéraire idéal pour atteindre les Marmites des Géants non loin de la bergerie : à cet endroit, l’Ubaye est un superbe torrent aux formations rocheuses incroyables.
- Et pour terminer, suivre l’Ubaye jusqu’aux abords du Lac de Longet et à peine plus loin (800m) les autres lacs du Col du Longet.
D – Retour par la forêt :
En dernier lieu, il est à noter que la redescente est identique à la montée sur la première partie. Par contre, dès le bas du Ravin de la Salcette, juste après le pont, traverser, en traçant droit, dans le Plan du Parouart (chercher les cairns au milieu du lit de la rivière). Soit, le but étant de faire le retour sur la rive opposée à l’aller, coté forêt. Ainsi, ça remonte un peu entre les arbres, l’avantage c’est qu’on découvre le plan du Parouart de dessus et de ce fait on voit l’ampleur des sources d’eau.
Bonne randonnée !
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