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Exposition MuCEM : Après Babel traduire

Après Babel  traduire…

Mucem exposition hiver 2017

 

Le Mucem à Marseille présente du 14 décembre 2016 au 20 mars 2017 l’exposition Après Babel traduire.

 

Après Babel traduire…

 

Je me rends à Marseille sans trop de convictions. Ou plutôt si. Je me dis que cette expo n’est pas pour moi, bien trop orientée : religions, politique, peut-être même tombant mollement dans le bien-pensant. Et puis une exposition sur la pluralité des langues à Marseille, c’est redondant…

Pourtant, le titre m’interpelle. Traduire. L’idée du voyage n’est pas très loin, partir à la découverte d’un pays, d’une culture ou d’une civilisation. Essayer de la comprendre.
La notion de découverte du monde est évidement intimement liée au langage. Les civilisations se construisent à travers la traduction, par la traduction, au moyen de la traduction. En effet, le passage d’une langue à l’autre, c’est aussi la transmission des savoirs avec un petit quelque chose propre à chaque passage.

 

Barbara Cassin, commissaire générale de l’exposition :

« Une langue, c’est comme un filet qu’on jette sur le monde. Et selon le maillage du filet, l’endroit où on le jette
et le moment où on le fait, on ramène d’autres poissons. Si je vous dis « Bonjour », je ne dis pas « Salam »
ou « Shalom » (« Que la paix soit avec vous »). Je ne dis pas non plus, comme les anciens Grecs, « Khaire »
(« Jouis », « Réjouis-toi »), qui est encore différent du « Vale » latin (« Porte-toi bien »). On n’ouvre pas le monde
de la même manière. La diversité des langues témoigne de la diversité des représentations du monde et des
cultures. Les langues sont autant de visions d’un même monde… »

 

Et puis il y a aussi Babel dans le titre.  En effet, si l’on connait les écrits bibliques, on sait que peu après le Déluge, les hommes parlaient tous la même langue, ils entreprirent orgueilleusement de bâtir une ville nommée Babel avec une tour dont le sommet touchait le ciel. Alors Dieu brouilla leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus, et les dispersa sur toute la surface de la terre.

Or, saviez-vous que « babel » en hébreu, cela veut dire « confusion » ?
En réalité, si j’écarte l’aspect religieux de ce récit, je retrouve tout à fait la même confusion lorsque je voyage. Des débuts incertains pour communiquer, des échanges avec l’autre qui ne se limitent plus seulement à la parole. Les gestes, les sons, les onomatopées, le dessin parfois ou même des photos, des cartographies… La nécessité de dialoguer et de se faire comprendre nous oblige à développer notre langage et ce qu’il y a autour.

 

À vrai dire, la traduction est une évidence. Elle existe sitôt que deux langues, cultures, civilisations, entrent en contact. C’est un processus continu, et même une véritable invention se déroulant à l’infini. Mais ce qui compte, au fond, c’est ce qu’il y a « entre ». La traduction est une manière privilégiée d’inventer « entre » les langues.

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Claire Fontaine, Foreigners Everywhere (Arabic/Hebrew), 2010, néon ©Collection Lambert en Avignon ©Claire Fontaine

 


 

Une exposition plurielle, parcours en 3 temps :

 

Après Babel traduire, un parcours pour aborder la pluralité des langues sous différents angles :

  1. « Babel, malédiction ou chance : politiques de la langue » : au travers du merveilleux (croyances, Histoire, mythe…).
  2. « Les flux et les hommes » : un point de vue plus historique et didactique, à l’appui de philosophes, écrivains et historiens.
  3. « Traduisibles/ intraduisibles » : ce qui résiste à la traduction est mis en évidence par le biais d’artistes, acteurs, typographes, écrivains, chanteurs… Les «intraduisibles » sont les symptômes de la différence des langues ; c’est pourquoi ils sont si précieux, à travers eux, on enrichit et on complique sa propre perception du monde.

 

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Mel Bochner, Blah blah blah, 2011, Huile sur velours noir. Galerie Two Palms, New York ©Courtesy de l’artiste et Two Palms, NY // Maquette du Monument à la Troisième Internationale, (reproduction), Ateliers Longépé, 1919-1979 © Centre Pompidou

 


Mes coups de cœur de l’expo «  Après Babel Traduire » :

 

Tintin au Mucem :

 

– Le mur d’Albums Tintin où l’image est un peu là comme support de traduction. Seul le titre change sur la couverture et cela dans de nombreux pays du monde.

 

Musique et interprétations :

 

– Le juke-box au tube planétaire « Comme d’habitude » dans toute ses versions (la version originale est de Claude François, la version anglaise de Paul Anka, reprise par Frank Sinatra et Elvis Presley, la version italienne a été interprétée par Claude François, la version espagnole a été reprise par Il Divo et bien d’autres) et dans toutes ses interprétations.

 

Idiotismes* artistiques :

 

– L’installation « il pleut des cordes » qui résume parfaitement cet entre deux, l’insaisissable des langues.
* Un idiotisme est une construction ou une locution particulière à une langue, qui porte un sens par son tout et non par chacun des mots qui la composent. Il peut s’agir d’expressions imagées ou métaphoriques.

 

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Ce que je retiens de l’expo « Après Babel traduire » :

 

Le malin génie des langues :

 

Dans la traduction, la pluralité complique l’universel et fabrique un monde avec du divers.

 

Par la typographie :

C’est d’abord le « corps des langues » qui fait obstacle, matière sonore et signifiante, matière visuelle aussi via la typographie (El Lissitsky, «Veshch-Gegenstand-Objet »).

 

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Par le rébus, l’onomatopée, les idiotismes :

L’exposition « Après Babel traduire » rend perceptible l’intraduisible au moyen des onomatopées, des idiotismes, des rébus, des chansons, tous les jeux sur le son et le sens (Dario Fo, qui a seulement l’air de parler anglais, allemand, italien…). Comment chante un coq anglais, comment miaule un chat chinois ? Et la pluie qui tombe : des cordes et des hallebardes (en français), des pierres (en wolof), ou des chats et des chiens (en anglais) ? Avec le signifiant et l’équivoque, matérialisés dans les rébus, on touche au rêve et à l’absurde.

 

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Carte réclame rébus « il faut battre le fer pendant qu’il est chaud », fin XIXe siècle, Paris, chromolithographies ©Mucem Marseille

 

Ainsi donc, chaque langue est d’abord une somme singulière d’équivoques, d’ambiguïtés motivées, évidemment incomparables, mais pourtant appropriables d’une langue à l’autre. Une langue, ça n’appartient pas, ça se partage, ça s’apprend, ça se vole.

Aussi l’exposition Après Babel, traduire met en évidence les différences et les ambiguïtés de la traduction mais également, signifie que ces différences dans leur pluralité, leur diversité sont une chance pour toute civilisation.

 

Quelques chiffres :

 

Le nombre de livres traduits dans le monde entre 1980 et 2000
a augmenté de 50 %.

 

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La place du français et de l’allemand dans le monde se maintient autour de 10 %.
Quelques langues comme l’espagnol et l’italien se situent entre 1 % et 3 %.
En dehors de l’anglais, toutes les autres langues sont en-dessous de 1 %.

 


 

 

INFOS MuCEM :

 

Sortie / Évènement au MuCEM

 

Nuit Vernie « Après Babel traduire » // 10 février 2017

nuit vernie marseille mucem 2017 apres Babel traduire exposition borderline

 

Soirée culture et musique pour la Nuit Vernie du Mucem à Marseille le 10 février 2017,

de 19h à 00h

entrée libre, J4,

Ouverture exceptionnelle gratuite du MuCEM
Avec Borderline et les étudiants d’Aix-Marseille Université. Au Mucem, le vernissage est une fête ! Lors de cette nocturne, les étudiants s’improvisent guides d’un soir pour vous faire partager leurs découvertes de façon originale et décalée. En parallèle, rendez- vous au forum pour un Dj set « back to back » : un mix collectif qui mêle les langues, le groove, le funk, la soul et l’électro. Les Nuits vernies proposent une expérience nouvelle du musée : visites atypiques, performances musicales et événements décalés.

 

 

Réservations / Renseignements

 

Tel 04 84 35 13 13—De 9h à 18h 7 j / 7
reservation@mucem.org / Le site du MuCEM

 

Tarifs J4 et fort Saint-Jean

 

Billets Mucem :

 

Expositions permanentes et temporaires
plein 9,5 € / réduit 5 € (valable pour la journée)
Billet famille
Expositions permanentes et temporaires
14 €
Visites guidées
plein 12 € / réduit 9 € / enfant 5 €
Audioguide
2 €

 

Horaires d’ouverture du MuCEM

 

Ouvert tous les jours sauf le mardi
De 11h à 18h : décembre—mars
Dernière entrée 45 minutes avant la fermeture du site.

L’accès aux espaces extérieurs et jardins du MuCEM (J4 et fort Saint-Jean) est libre et gratuit dans les horaires d’ouverture du musée.