Le Bon Marché s’est refait une beauté pour ce début d’année 2016. Ce magasin de luxe, allons y franchement, s’offre une belle collaboration avec l’artiste chinois Ai Weiwei. De quoi faire un peu de shopping tout en se cultivant.
Le plasticien a déjà beaucoup fait parler de lui par ses critiques du gouvernement chinois au travers de ses réalisations artistiques, au point de se faire assigner à résidence pendant quatre ans en Chine. C’est que là-bas ça rigole pas… Terminant tout juste sa peine, il s’est empressé de répondre à l’invitation du grand magasin de la Rive Gauche et c’est en janvier que furent installées ses œuvres inédites. Dans les vitrines rue de Sèvres mais pas seulement ! Imaginez ces espaces vitrés comme des sortes de petits théâtres prélude à son œuvre. La surprise est donc plus grande lorsque l’on pénètre dans l’atrium et que l’on découvre les sculptures exceptionnelles suspendues aux plafonds.
Créations originales pour le Bon Marché Rive Gauche
On découvre tout d’abord les vitrines du grand magasin remplies de couleurs vives à pastel et de lignes raffinées. Une transition s’opère naturellement entre l’activité extérieure folle de la capitale et l’intérieur poétique et léger. On passe ainsi au blanc pur cocooning, et aux bambous illuminés, aux soies révélées et aux transparences structurées. Des cerf-volants oniriques semblent flotter inlassablement sous les immenses verrières du Bon Marché. Nous sommes soudain plongés au cœur de la poésie des contes et légendes populaires de la Chine antique, du livre Classique des Monts et des Mers (en chinois Shanhai jing ouvrage mythologique).
C’est ainsi que l’artiste a répondu à la thématique Er Xi , Air de jeux proposée par le magasin de Paris. Il nous parle ainsi de traditions chinoises avec ses créatures fantastiques, des êtres hybrides mêlant humain et animal. Un bestiaire de chimères, d’oiseaux à six têtes, de poissons volants, d’hommes serpent, et de dragon escalator… Une technique ancestrale est utilisée pour donner matière à ces formes : des tiges de bambou tressées pour le squelette qui est ensuite habillé d’un papier de soie blanc.
Ai Weiwei, à 58 ans, évoque ainsi son enfance Le cerf-volant est le premier objet que j’ai fabriqué quand j’avais 10 ans, avec du bambou arraché de nuit aux volets des fenêtres. Derrière cet hommage à la Chine ancienne, on continue à ressentir son engagement pour la liberté d’expression avec par exemple le crabe de rivière he xie, une référence à la censure.
Artiste complet, peintre, sculpteur et plasticien, Ai Weiwei, a notamment aidé à la conception du Nid d’oiseau, l’impressionnant stade de Pékin construit pour les Jeux Olympiques de 2008. Ce dissident chinois, expose actuellement à la Royal Academy de Londres. En ce qui concerne l’exposition de Paris au Bon Marché, c’est le dernier jour pour y aller…
c’est jusqu’au 20 février 2016. Courez !